Lingotto : le modernisme industriel par l’architecte Giacomo Matté-Trucco.
« Faire une virée à deux, tous les deux sur les chemins, dans ton automobile, tous les deux on sera bien » Lilicub, Voyage en Italie, 1994
https://www.youtube.com/watch?v=bse02AUNP_o
Un week-end à Turin, allez, on va changer d’air malgré la pluie prévue et en profiter pour montrer ses origines à ma petite fiat 500.
On se promène sous les arcades de la ville, on mange des pizzas, on boit des spritz mais ça ne nous suffit pas. Comme toujours, on cherche un lieu insolite à visiter. À Turin, pas besoin de réfléchir longtemps avant de tomber sur le Lingotto.
On prévoit d’y aller le lendemain et, incroyable, non seulement la pluie s’arrête mais le soleil sort ! Je suis même obligée de m’acheter des lunettes de soleil.
On arrive devant une structure immense composée de 5 pavillons reliés entre eux. Un parking gigantesque, un centre commercial, des hôtels, un jardin tropical, un centre des congrès…
« Un des spectacles les plus impressionnants que l’industrie ait jamais offert », Le Corbusier, Vers une architecture, 1924
Pourtant, ce n’est finalement pas difficile de s’imaginer en 1915 lorsque cette usine Fiat du Lingotto fut conçue et construite jusqu’en 1923. C’est l’architecte-ingénieur Giacomo Matté-Trucco et son équipe qui imaginent ce lieu. Giacomo Matté-Trucco est né en 1869 en Saône-et-Loire, la Bourgogne n’est jamais très loin de nos découvertes finalement.
Ses études à Turin et ses premières expériences professionnelles le lient très vite à Fiat et c’est tout naturellement qu’il se retrouve à la tête de ce projet le plus important et le plus glorieux de sa carrière.
Le Lingotto est une icône de l’architecture moderne et l’une des premières usines italiennes a être conçue à partir d’une organisation scientifique du travail. Le Corbusier visite le site et, dans son ouvrage Vers une architecture parle du Lingotto comme « l’un des spectacles les plus impressionnants que l’industrie ait jamais offert » dès 1924.
L’usine était destinée à la production des automobiles Fiat et devait s’inspirer du taylorisme avec comme objectif premier l’efficacité productive. L’ensemble devait donc être pensé ainsi : la production bien sûr mais aussi les bureaux, les services administratifs, la cantine et autres services étaient réunis. Pour encore faciliter la production, deux rampes hélicoïdales sont ajoutées à chaque extrémité du batiment entre 1923 et 1926 permettant aux voitures fraichement construites de monter directement du rez-de-chaussée à la piste d’essais construite sur le toit du batiment.
De ce site industriel sont sortis de nombreux modèles Fiat, et ce jusqu’en 1982, date à laquelle la fabrication fut arrêtee dans cette usine.
« En tournant, tu devrais essayer de trouver la sortie, on va quand même pas tourner toute la nuit » Michael Caine, extrait du film L’or se barre de Peter Collinson, 1969
https://www.youtube.com/watch?v=b-smy_yhutw
Pourtant, la même année, Fiat et la ville de Turin lancent une consultation inernationale afin que ce site de devienne pas une friche industrielle. C’est l’architecte génois Renzo Piano qui est choisi en 1985 pour transformer ce lieu tout en gardant sa forme et son histoire. Renzo Piano n’est pas choisi au hasard, on lui doit notamment le centre Pompidou-Beaubourg à Paris.
À partir de 1997, le siège des directions Fiat revient même dans ce batiment emblématique.
En 2002, la pinacothèque Giovanni e Marella Agnelli est inaugurée, musée d’art mélant la collection privée de cette figure emblématique du groupe Fiat et des expositions temporaires contemporaines.
La piste d’essais des voitures a aussi été réaménagée et sert à la présentation de nouveaux modèles. Elle est ouverte au public et a été pour nous le clou du spectacle. Emerveillés comme des enfants, nous n’avions qu’une envie, partir en courant dans les courbes en devers en imitant un moteur pétaradant mais nous sommes des adultes et nous avons presque réussis à nous retenir…presque.
Anne S, Ölddesign.
Photos : C.S, Ölddesign.